12 décembre 2011
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Maelle et moi-même sommes allé rencontrer Élodie, un après-midi quand le froid commence à arriver. Elle nous accueille chez elle, en centre de
Bressuire.
Elle pose la tasse de thé sur la table. Ananas-coco. Elle lève les yeux et vous transperce de ses iris captivantes. La fumée s'échappe, elle s'assoit dans le canapé,
le chat n'est pas loin. Nous discutons sur l'AFEV, une asso de soutien aux jeunes en difficulté. Élodie y a été bénévole puis responsable. Femme de cœur, généreuse et ouverte au monde, Élodie se
lance en 2009 dans des études de psycho à Poitiers après avoir obtenu son bac à St Jo.
La première année, elle fut une « simple » bénévole. « Ma mission était alors d'accompagner un jeune deux heures par semaine pour une aide scolaire et
une ouverture culturelle. La petite dont je m'occupais s'appelait Adama, elle venait de Guinée et avait 5 ans. »
L'AFEV, ce n'est pas du soutien scolaire pur. C'est l'opportunité incroyable d'un échange humain. Le principe est simple : un étudiant (à Poitiers, Nantes, Rennes ou
ailleurs) passe deux heures par semaine avec un jeune venant d'un quartier dit « difficile ». Un jeune parfois en difficulté mais surtout toujours avide de découvrir. Deux petites
heures, que chacun peut trouver dans sa semaine. L'accompagnement est multiple : sorties ciné, musées, aides aux devoirs, promenades … Tout ce qui pourra aider l'enfant à décloisonner ses
perspectives et lui donner des atouts nouveaux.
Adama était très jeune, « l'accompagnement que je pouvais lui apporter se centrait essentiellement sur l'accompagnement vers la lecture. Nous allions donc à la
bibliothèque pour lire des livres, discuter autour d'histoires, d'images, etc. Ce qu'elle aimait faire, c'était de me raconter l'histoire que je venais de lui conter. Les rôles étaient alors
inversés et je pouvais me rendre compte si elle avait bien compris tous les aspects du livre. »
Élodie souffle sur sa tasse bouillante, elle sourit. Je fais une blague (assez peu drôle pourtant, pas vraiment liée au sujet), elle éclate de rire d'une façon bien
particulière, d'un son qui remplit la pièce. Le chat dresse la tête.
Son année de bénévolat a permis à Élodie de nouer une relation de confiance avec Adama, ce qui lui a donné l'envie de s'engager encore davantage par le biais du
Service civique.
Nouvelle gorgée de thé. Elle nous tend une part de gâteau au chocolat dont quelques miettes tombent sur la table. La tasse réchauffe les lèvres. Sans même avoir à
poser de question, elle détaille le Service civique avec ce sens si particulier de l'explication claire, appuyée d'une voix posée. « Pour être plus précise, le service civique est un contrat
de 24h par semaine qui te permet de t'engager auprès d'une association de ton choix, tu reçois une indemnisation chaque mois de 540€ environ versée d'une part par l'Etat et d'autre part par
l'association qui t'héberge. »
Elle débute alors une nouvelle aventure pour dix mois, en parallèle d'une Licence2 de psychologie. Elle est cette fois-ci volontaire et travaille donc pour l'AFEV.
« Le poste que j'occupais était centré sur le suivi des accompagnements mis en place durant l'année pour les enfants de sixième. J'avais à mon actif 25 bénévoles et donc 25 enfants et leurs
familles. Ma mission était tout d'abord de recruter les bénévoles sur le campus au début de l'année. Ensuite, attitrer un enfant pour un bénévole et accompagner ces dernières lors de la première
rencontre avec les familles. Une fois l'accompagnement mis en place, je suivais les bénévoles, enfants et familles tout au long de l'année.
Jamais effrayée par la charge de travail, Élodie multiplie les projets comme des courses d'orientation. Elle est aussi à l'écoute des bénévoles et des familles face
aux difficultés qui pouvaient survenir. S'arrêter la ? Certainement pas. C'est mal connaître la jeune femme qui nous envoie une sacrée leçon d'engagement, car en plus de son volontariat elle
continuait à s'occuper d'un enfant en suivi individuel : « en même temps que mon volontariat, je suivais un jeune qui cette fois ci avait 11 ans, s'appelait Camili et venait de Mayotte.
L'aide aux devoirs était beaucoup plus présente, même si nous faisions quand même des sorties.
Maelle (également bénévole dans l'association, en plus du Conseil des Jeunes) et elle discutent alors de quelques moments qu'elles ont vécu. J'en profite pour
reprendre une part de gâteau discrètement, mais je suis rapidement démasqué.
Comment gérer une vie de jeune femme, d'étudiante et de volontaire ? Sans détourner la question, elle répond avec sincérité et justesse sur les difficultés qui ont
pu se poser. Son année de Licence, elle ne l'a pas eu. Trop de travail. Mais hors de question pour autant de perdre cette Espérance si spéciale : « si c'était à refaire, je retenterais
l'aventure mais en faisait ce Service civique comme une pause dans mes études ».
Elle ramasse quelques miettes de chocolat. Maelle caresse le chat. Dehors, il semble faire froid. Toujours positive, elle met en avant l'expérience enrichissante que
cela a été pour elle : rencontrer de nouvelles personnes, construire des amitiés, avoir une expérience semi-professionnelle qui sera un atout dans son CV (organisation, montage de projets,
gestion d'une équipe).
Le Service civique durant un an et n'étant pas renouvelable, elle s'engage désormais dans le Genepi comme bénévole, pour aller visiter les prisonniers qui sont
seuls. L'Espérance, toujours, motivée par une générosité sans égale. Mais qu'on tente de la flatter et elle baisse les yeux, le but n'est pas de se mettre en avant, c'est d'être au service des
autres. Une belle leçon de vie. Un beau moment partagé cet après-midi là.
Tout le monde peut rejoindre l'AFEV, tant que les personnes sont motivées et empathiques. Rendez-vous sur le site www.afev.fr pour avoir toutes les coordonnées des AFEV nationales et pour rejoindre cette folle équipe que ce soit en tant que bénévole ou volontaire !
Marc Bonneau