Deux étudiantes à la MFR SEVREUROPE (Bressuire) sont parties en Roumanie pour effectuer un stage dans le cadre de leurs études. L'occasion pour elles de
dépasser les clichés et de s'ouvrir à d'autres horizons. Rencontre.
CJ : Bonjour. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Camille :« Je m'appelle Camille (à gauche de la photo) j'ai 19 ans. Je suis originaire des Deux-Sèvres (79).
J'étudie à Bressuire à la Maison Familiale Rurale SEVREUROPE. Je suis actuellement en deuxième année de BTS Services en Espace Rural (SER). Je pratique la gymnastique et la photographie. J'ai
pour projet professionnel de travailler auprès de personnes handicapées ou en réinsertion sociale. ».
Clémence :« Moi, Clémence, j'ai 21 ans et je suis originaire du Maine-et-Loire (49). J'étudie également à la MFR
SEVREUROPE en BTS SER. Je suis particulièrement sensible aux actions humanitaires, suite à mon stage aux Restos du cœur. Mon projet professionnel s'oriente plus sur le domaine agricole notamment
dans la valorisation des produits locaux ».
CJ : Dans quel(s) cadre(s) êtes-vous parties ?
« Dans le cadre de notre BTS SER (Services en Espace Rural), nous avons l'opportunité d'effectuer un stage d'un mois à l'étranger
dans un pays d'Europe en espace rural. La MFR SEVREUROPE de Bressuire est l'une des seules écoles, présentant le BTS, à proposer un stage d'un mois sur le territoire européen en petits groupes de
deux à trois étudiants. Ce stage a trois objectifs : celui d'acquérir une expérience européenne au service de l'innovation et de la conduite de projet. De plus, nous devons analyser un projet et
en dégager les spécificités locales. Enfin, il est important d'intégrer la dimension européenne (culturelle et organisationnelle) dans sa réflexion et dans son action. Notre classe est constituée
de dix-sept personnes ; en juin dernier, nous étions sept groupes à partir dans un pays d'Europe avec des envies toutes différentes. Les destinations étaient les suivantes : Croatie, Espagne,
Suède, l'Irlande et la Roumanie ».
CJ : Pourquoi avez-vous choisi de partir en stage en Roumanie ?
« Dans notre école, les étudiants en 2ème année BTS SER mènent une animation originale sur leurs expériences de stages en Europe et
destinée à leurs collègues de première année. Nous avons bénéficié de ce temps de témoignage qui sensibilise aux vécus de stage à l'étranger anciennement pratiquées. En sortant convaincues de
cette animation effectuée en novembre dernier, nous étions les seules à vouloir nous diriger vers la Roumanie. Notre choix s'est concrétisé après avoir discuté ensemble et il s'est révélé que
nous avions les mêmes envies et les mêmes motivations. Nous envisageons toutes les deux de travailler au contact du public que ce soit dans le domaine social ou agricole. Cela a été un point
essentiel dans notre choix de destination mais également dans la décision de partager ce stage ensemble.
Après plusieurs contacts (téléphone et courriels) avec notre maître de stage, Mme Francine Durieux, nous avons
découvert les actions que nous allions réaliser : animation dans un centre de placement, par exemple. Ce choix fut tourné aussi par la description de l'accueil chaleureux des Roumain annoncée par
les deuxième année. En parallèle, nous avons réfléchi sur nous-mêmes (qualités, défauts) pour se rendre compte si nos capacités « répondaient »à la structure de stage. C'est très important avant
d'entreprendre les démarches officielles (conventions de stage, réservation avion, train...). Un sentiment particulier nous a motivées tout au long de notre démarche : celui de se sentir utile
envers des personnes dans le besoin. Enfin, comme pour beaucoup de voyageurs, partir (même si des éléments sont balisés en amont) est un phénomène palpitant ! »
CJ : Et personnellement, que pourriez-vous répondre à la question précédente
?
Camille :« L’intervention réalisée par les étudiants de deuxièmes années sur leur stage en Europe m’a permis de mieux m’orienter vers le pays de mon choix. Quentin et Simon, des
deuxièmes années, ont été très convaincants concernant la Roumanie. Les activités qu'ils ont pu mener m'ont tout de suite séduite. Lors des dix ans du BTS SER en novembre 2011, j’ai eu la chance
de pouvoir écouter le témoignage poignant de Francine Durieux et de deux anciens étudiants partis à ses côtés. Ce témoignage a confirmé mon envie de découvrir ce pays.
Approfondir mes connaissances sur le plan humain et
relationnel était l'une de mes plus grandes motivations. De plus, comprendre le fonctionnement d'un orphelinat dans ce pays, aider par la scolarisation des enfants défavorisés étaient des projets
qui motivaient réellement mon choix. »
Clémence
:« Ma cousine
a travaillé en Roumanie en 2001 et 2004 dans une entreprise Renault-Dacia. J’ai eu la chance d’écouter son témoignage et d’échanger avec elle sur son expérience ; elle garde des souvenirs
inoubliables de ses séjours. De plus, elle a beaucoup insisté sur la culture roumaine et sur leur mode de vie, ce qui m’a tout particulièrement touchée. Elle m'a prêté quelques livres illustrés,
des albums photos, d'histoire et des guides qui m'ont permis de m'imprégner de la vie en Roumanie. L’intervention des deuxièmes années a ainsi confirmé mon choix.
Je suis restée sensible au pays et aux actions réalisées
durant leur stage. De plus, je souhaitais découvrir , m'intégrer et participer activement au fonctionnement de l'orphelinat et des autres structures en
lien.Il répondait à mon projet professionnel qui est de travailler auprès de personnes défavorisées. »
CJ : Qu'avez-vous découvert ? Quelles sont les différences ? Les ressemblances ?
« Plein de choses ! Dans la région d'Hunedoara, dans l'ouest de la Roumanie où nous étions, nous avons découvert
qu'elle était durant de longues années une zone industrielle très importante. C'est aussi une région agricole... d'il y a plus de 60 ans ! Durant notre mois de stage, il était plus naturel pour
nous de croiser une charrette ou des bus que des voitures. Effectivement, nous savons désormais nous débrouiller lorsque l'on n'a pas de voiture personnelle. Prendre le bus qui n'a pas d'horaires
fixes, faire du stop sans hésiter, c'est super !
Mais, le plus extraordinaire est l'hospitalité des Roumains. Nous sommes allées dormir chez l'habitant et dans tous
les cas vécus, ils sont très chaleureux et donnent tout ce qu'ils ont. Autre fait marquant : les monastères ; une véritable culture roumaine ! Il y a 84% de la population roumaine qui est
orthodoxe, croyante et pratiquante. La messe est dite tous les jours et les églises sont le plus souvent remplies, par des personnes âgées et des jeunes. De plus, les monastères ont une
architecture splendide par leurs couleurs intérieures et extérieures (tuiles, tapis, fresques de couleurs dorées, bleu, rouge, vert, blanche, violette, jaune...) et leur grandeur. De longs tapis
sont dressés sur le sol parmi de nombreuses dorures. Les tapis ne sont d'ailleurs pas seulement dans les églises mais aussi très présents dans les maisons. Ils signifient le rêve. Mais au delà de
de tout cela, la précarité règne. Sincèrement, il est difficile d'écrire sur la tristesse que nous avons pu voir, cependant beaucoup d'émotions et de sourires étaient à chaque fois présents. Nous
en aurions tellement à dire ! Retenez simplement cette phrase : tout est différent »
CJ : Quelles ont été vos missions là-bas?
« Nous devions créer des animations pour les enfants du centre de placement et de l'école. Des activités intérieures
comme des ateliers bracelets en perle ou laine, de la peinture... ou des jeux extérieurs comme une kermesse, un béret, 1,2,3 soleil... Les sourires marquaient leurs visages et il suffisait de peu
pour les rendre heureux.
De plus, durant ce séjour, Mme Francine Durieux nous a permis de rencontrer des familles où nous avons été
confrontées à une réelle pauvreté financière et/ou matérielle. Notre mission avait pour but de leur rendre visite pour discuter, les écouter et leur distribuer des dons (vêtements, produits
hygiéniques...). Chaque rencontre fut pour nous une nouvelle source de vie ».
CJ : Avez-vous des anecdotes à nous raconter ?
Une des anecdotes est pour nous le plus beau souvenir que nous gardons précieusement :
nous avons rencontré trois grands-mères vêtues de leurs habits traditionnels. Assises sur un banc dans un petit parc,
Camille sort son appareil photo pour prendre quelques clichés. Clémence est interpellée par l'une des trois grands-mères qui nous montre du doigt. Camille range alors son appareil par peur de les
avoir troublées. Elles nous ont observées tout en discutant avec insistance. De ce fait, nous sommes allées vers elles. Elles nous ont accueillies avec un grand sourire ! On a tenté de leur faire
comprendre qu'elles étaient joliment habillées et qu'on souhaitait se faire prendre en photo à leurs côtés. Elles ont de suite accepté et se sont prises au jeu. Nous les avons remerciées, elles
nous ont embrassées en nous prenant dans leurs bras.
Quelques minutes plus tard, une des trois dames est allée vers Clémence en lui tendant une tablette de chocolat.
Surprise par ce geste, Camille a sorti trois tablettes de chocolat de son sac et nous sommes allées leur offrir. L'une d'entre elles est restée sans voix, très émue, nous a fait comprendre que
les personnes âgées sont délaissées en Roumanie. Le geste que nous avions eu envers elles leur avait fait le plus grand bien. Pour nous remercier de ce moment, elles nous ont offert à chacune
deux fleurs et nous ont reprises une deuxième fois dans leurs bras. Avant de partir, elles nous ont proposées de partager le dîner avec elles si on le désirait. A leur départ, leurs yeux
brillaient d'émotions et les nôtres aussi. Nous mangions et dormions déjà chez une amie de Mme Francine Durieux, nous avons donc dû refuser cette invitation.
Malheureusement, nous ne pouvons pas raconter en détails toutes nos anecdotes car elles sont nombreuses. Mais une
chose est à retenir « il faut le voir et le vivre pour comprendre ».
N'hésitez donc pas : faites-vos valises et partez découvrir la Roumanie !